Le collège des hautes études de défense nationale
(1936- 1939)
L'Institut des Hautes Études de Défense Nationale
(IHEDN) succède après la Seconde guerre mondiale au Collège des Hautes
Études de Défense Nationale institué le 14 août
1936.
Ce collège avait pour objet d'étudier l'ensemble des
problèmes généraux que soulevaient la préparation de la Nation à la
guerre, ainsi que la conduite des forces armées, de terre, de mer et de
l'air. Il devait, en outre, créer entre tous ses auditeurs une unité de
sentiments, de pensée et de doctrine, pour préparer, en temps de paix, et
pour assurer, en temps de guerre, la défense du pays.
Il était apparu en dépit d'efforts persévérants que
chacune des trois armées restaient encore trop exclusivement cantonnées dans
son domaine propre. De plus, la politique de défense nationale pratiquée par
l'État exigeait, non seulement la participation des ministères de chaque
armée, mais encore le concours indispensable de tous les départements dont
l'activité s'exercer, dans une large mesure, dans le cadre de la politique
générale de défense nationale (intérieure, affaires étrangères,
travaux publics, colonies, postes, télégraphes, téléphone, justice,
finances, éducation nationale, commerce, agriculture, travail, marine
marchande).
110 auditeurs, soixante-deux militaires et quarante-huit
civils, ont bénéficié de l'enseignement du collège des hautes études de
défense nationale, au cours de trois sessions, d'une durée de quatre mois,
porté dès la seconde session, à cinq mois et demi. La tension
internationale du printemps 1939 vint écourter la troisième session et la
déclaration des hostilités entraîna la cessation des activités du collège
d'études de défense Nationale.
L'Institut des Hautes Études de Défense Nationale
Au lendemain de la guerre, l'intérêt de reconstituer le
collège ou un organisme similaire apparaissait plus indispensable que jamais.
En effet, le dernier conflit avait largement démontré que la défense ne
pouvait plus se concevoir comme étant le domaine exclusif des armées, mais
concernait tous les principaux secteurs d'activité du pays.
L'institut des hautes études de défense nationale a été
ainsi créée le 30 janvier 1949. Sa mission consistait à préparer des hauts
fonctionnaires, des officiers généraux ou supérieurs et des personnes
particulièrement qualifiées au point de vue économique ou social à tenir
les emplois les plus élevés dans les organismes chargés de la préparation
de la conduite de la guerre.
Installé à l'école militaire à Paris est inauguré en
novembre 1948, l'institut était placée, par délégation du Président du Conseil,
sous la haute autorité du Ministre de la Défense Nationale.
Les auditeurs, au nombre de 58 pour la première session
puis de l'ordre de 75 pour les suivantes, étaient recrutés parmi les cadres
supérieurs de l'Administration, les officiers généraux et supérieurs,
enfin les personnalités du secteur privé ou nationalisé.
Il s'agissait de faire connaître l'esprit de défense aux
fonctionnaires civils et aux personnalités privées. Cela
exprime tout à fait le concept d'une stratégie générale ou encore l'art de
conduire en temps de guerre et en temps de paix l'ensemble des forces et des
moyens de lutte d'une Nation.
En même temps, la notion de défense avait évoluée.
Perdant le caractère passif que semble évoquer son nom, elle s'était
élargie et sa cohérence d'ensemble pouvait être fondée sur l'équilibre et
la complémentarité des moyens qui lui étaient consacrés. L'ordonnance du 7
janvier 1959 portant organisation générale de la défense donne une
définition légale à cette évolution: "la défense a pour objet
d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toute forme
d'agression, la sécurité et l'intégrité du territoire ainsi que la vie de
la population... La défense est permanente, sans distinction entre temps de
paix et temps de guerre... La défense est globale, elle doit s'exercer dans
tous les domaines de l'activité du pays, à l'intérieur comme à
l'extérieur, contre toutes les formes de menaces susceptibles de mettre en
péril la survie de la Nation en tant quantité maîtresse de son destin..."
L'esprit de défense obligeait la formation globale du
citoyen, dans sa famille, à l'école, à l'université. Il était donc
indispensable que le plus grand nombre de responsables de tous les secteurs de
la vie nationale puissent recevoir une large information sur la défense,
conduire à son propos une réflexion personnelle et diffuser l'esprit de
défense à travers le pays tout entier.
L'action de l'institut des hautes études de défense
nationale s'est considérablement renforcée lorsque les anciens auditeurs se
sont regroupés en association pour entretenir les liens d'amitié
noués au cours des sessions, mais surtout pour continuer leur réflexion sur
la défense avec le soutien de l'institut.
Le décret du 5 septembre 1997 a érigé l'institut
des hautes études de défense nationale en établissement public
administratif et le dote ainsi tout à la fois de la personnalité morale, de
l'autonomie budgétaire et d'une autonomie de gestion largement renforcée.
Cet établissement public administratif est placé sous
l'autorité du Premier ministre qui approuve, chaque année, l'orientation de
l'enseignement et les thèmes d'études.
L'Institut a pour missions de :
Donner à des hauts fonctionnaires, officiers supérieurs,
cadres des différents secteurs d'activité (économie, recherche,
droit, culture, affaires sociales, presse écrite et audiovisuelle,...)
une information approfondie sur la défense nationale, comprise au sens
large du terme.
Réunir lors de sessions nationales et régionales des
responsables de haut niveau appartenant à la fonction publique, aux armées
et aux autres secteurs d'activité de la Nation, en vue d'approfondir leurs
connaissances en matière de défense par les études en commun des grands
problèmes qui se posent en ce domaine.
Diffuser, grâce aux sessions internationales et aux
contacts établis avec les personnalités et instituts étrangers, une
information sur la politique de défense de la France.
Conduire et susciter des études ou des recherches
concernant la défense, contribuer au renouvellement de la pensée
stratégique et à la connaissance par un large public des meilleurs travaux
conduits sous son égide, grâce notamment la revue Athena.
Apporter son concours aux universités et organismes ayant
vocation à l'enseignement, à l'information, aux études de défense.
Soutenir les activités d'associations d'auteurs de l'IHEDN
regroupés au sein de l'union des associations d'auditeurs de l'IHEDN.
Les sessions
L'Institut organise plusieurs types de
sessions composées d'auditeurs et auditrices âgés de 30 à 50 ans :
des sessions régionales (quatre par an dont une
à Paris ou Outre-Mer en alternance) où les méthodes de travail sont
identiques à celles des sessions nationales, bien que la durée des études
soit différente, 17 journées échelonnées sur deux mois. Elles comportent
aussi des conférences, des visites et des travaux de groupe sur les aspects
militaires de la défense et sur les questions de défense civile et de
défense économique.
une session nationale organisée chaque année à
Paris à raison de trois demi-journées par semaine permettant aux auditeurs
de recevoir une information sur les grands thèmes retenus et de conduire,
en comités, discussions et réflexions ouvertes à l'ensemble des données
pouvant affecter la sécurité et les capacités de défense de la France.
des sessions internationales créées en 1980 :
le forum de l’IHEDN sur le
continent africain (FICA) réunit tous les ans au mois de juin à
Paris officiers et fonctionnaires civils, africains et français, pour
faire mieux connaître la politique de la France aux pays concernés.
Depuis 1996, il est ouvert à des pays d'Afrique anglophones et
lusophones.
des sessions européennes
lancées en 1988. La plus récente (2000) session internationale
Centre Europe, États Baltes et Balkaniques (SICEB), a rassemblé
à Paris, 42 auditeurs civils et militaires, étrangers et français sur
le thème de "Conditions du renouveau des systèmes de
défense". La prochaine aura lieu en mai 2001.
des séminaires IHEDN-Jeunes (cinq
par an) en province et en Ile de France s'adressant à un auditoire
le plus large possible composé de jeunes de 18 à 25 ans. Durant
une semaine, cinq thèmes sont abordés:le contexte géostratégique et
les nouvelles menaces, l'environnement économique
européen et mondial, la globalité de la
défense, la politique de défense militaire et
son évolution, le civisme, la responsabilité
individuelle et l'engagement citoyen.
des séminaires spécialisés
pour public ciblé : Préfets, Magistrats, Chefs d'entreprises,
Elus locaux, étudiants en DESS et DEA de défense...
des cycles de formation à
l'intelligence économique et stratégique destinés aux cadres et chefs
d'entreprises ainsi qu’à des cadres de la fonction publique.
de journées d'initiation à l'intelligence
économique et stratégique ouvertes aux étudiants des grandes écoles
et universités.
Les anciens auditeurs (environ 10.000
dont 6.500 réunis au sein de 30 associations nationale, régionales et
internationale membres de l'Union des Associations) conduisent chaque
année de nouvelles réflexions faisant l'objet de rapports dont les
synthèses sont transmises au Premier ministre, puis aux ministres
intéressés.
Les Associations
La défense et global et permanent: elle concerne, en
tout temps, toutes les activités de la Nation et tous les citoyens. Convaincus
de la nécessité de transmettre ce message reçu au cours de leur passage à
l'IHEDN, les auditeurs se sont regroupés en associations.
L'association nationale régie par la
loi de 1901 rassemble les auditeurs qui ont suivi les sessions nationales et
les anciens cadres militaires et civils de l'Institut. Elle a pour but de
maintenir et de développer entre les personnes ayant participé aux travaux
de l'Institut, les liens qui se sont créés à cette occasion; de promouvoir
l'esprit de défense et d'encourager les études des questions intéressant la
défense; enfin d'apporter son concours à l'Institut pour l'accomplissement
de sa tâche.
Les associations régionales regroupe les
auditeurs des sessions régionales ainsi que les auditeurs de l'association
nationale qui résident en province. Au nombre de vingt-huit, elles siègent
à Amiens, Besançon, Bordeaux, Brest, Caen, Châlons-en-Champagne,
Clermont-Ferrand, Dijon, Fort-de-France, Grenoble, Lille, Limoges, Lyon,
Marseille, Metz, Montpellier, Nantes, Orléans, Papeete, Paris, Poitiers,
Rennes, Rouen, Saint-Denis-de-la-Réunion, Strasbourg, Toulon,
Toulouse, Versailles.
Les associations régionales ont elles aussi des activités
de formation et d'étude et oeuvre dans le même esprit que l'association
nationale. Certains de leurs rapports sont sélectionnés pour la revue
défense. Des délégations de toutes associations peuvent venir exposer,
comparer et confronter les résultats de leurs travaux en vue de
l'établissement d'un rapport destiné au SGDN et au premier ministre.
La diversité des groupes de travail confère tout l'intérêt
de ces travaux qui constituent un véritable sondage d'opinion sur un
échantillon de citoyens informés des problèmes de défense
L'union des associations regroupe
toutes les associations, nationale et régionales. Cette union, dont le siège
est établi à l'École militaire, a pour objet de faciliter l'établissement
et de développer les liens existant entre les personnes ayant participé aux
travaux de l'Institut; de favoriser le maintien des connaissances des
auditeurs; d'apporter son concours à l'Institut pour l'accomplissement de sa
tâche; développer l'esprit de défense...