Les HSS sont dans leur dixième année, et corrosion et criques font leur apparition; phénomène normal, compte tenu du vieillissement du matériel. Les incidents en vol se font alors de plus en plus fréquents. Ils sont dus principalement à des défaillances moteur qui se manifestent par de forts claquements, pertes de puissance, fumées moteur, nécessitent des retours en urgence, ou plus précipitamment, des posés en campagne ou des amerrissages forcés. Fort heureusement, malgré le nombre important de ces posés forcés, la 31F/HSS n'aura à déplorer aucune perte en vie humaine. Ainsi, le 28 mai 1969, alors qu'il transitait avec 3 autres HSS vers un CASEX, le 639 "L" (PM Sabre, MT Giftard, PM Suavet, PM Chevillard) émet un (classique?) fort claquement moteur qui incite l'équipage à se dérouter vers la terre la plus proche (Carqueiranne). Mais, en proie à de violents à-coups et des variations de puissance, la décision est prise d'amerrir. Auto rotation, reprise moteur au ras des flots, stationnaire inespéré, amerrissage, évacuation sans incident. L'épave se maintient en surface une trentaine de secondes, queue en l'air, puis coule par faibles fonds. Repêchage, puis expertise à la conclusion évidente : défaillance moteur. Cet accident, premier de la série qui va suivre jusqu'à la réforme des HSS en 1979, met en évidence la nécessité d'équiper au plus vite les appareils en système de flottabilité de secours. Une décision ministérielle est d'ailleurs prise en novembre 1970, prévoyant que tous les HSS devront être équipés de flottabilités de secours, consistant en 2 ballonnets gonflables montés sur les moyeux des roues du train principal et un ballon gonflé en permanence dans la poutre de queue. Le lieutenant de vaisseau Rouland prend le commandement de la flottille le 1er février 1971. La 31F continue à parfaire son aptitude ASM. Le 20 novembre 1972, les flottabilités de secours vont donner la mesure de leur efficacité : au cours d'un entraînement au treuillage en rade de Toulon, le 150 "E" (Godin, Isambard, Owsianka, Floch) amerrit à la suite d'une rupture de tête de bielle. Rapidement repêché, l'appareil pourra être réparé et remis en service. Le lieutenant de vaisseau Chassin prend le commandement de la flottille le 4 septembre 1972. Seuls, 7 des 11 HSS sont alors équipés de flottabilités. La livraison du reliquat doit être achevée pour fin 1974. 1973 : Crise économique mondiale, due à l'embargo sur les produits pétroliers, qui se répercute à tous les échelons. L'allocation annuelle en carburant est réduite de façon draconienne, de même que le nombre de jours d'embarquement. Le lieutenant de vaisseau Leygonie prend le commandement de la flottille le 27 mai 1974. L'ensemble de la flottille rejoint Brest et embarque sur le Foch du 5 novembre au 24 décembre 1974, pour une mise en place à Fort-de-France et soutien logistique à l'occasion de la rencontre entre les présidents Giscard d'Estaing et Ford. Le 29 août 1975, en transit vers un CASEX à 3 HSS, le HSS 136 "L" (LV Ginhoux, SM Briffaut, MT Orsatelli, SM Chatelus) casse une tête de bielle et se retrouve à l'eau. La flottabilité arrière se crève au bout de 20 minutes, mais l'appareil peut être repêché 5 heures plus tard. Il sera néanmoins condamné après expertise. 2 HSS sont affectés en renfort à la section Jeanne d'Arc, pour la durée de la campagne 1975-76, ce qui réduit le parc aérien (donc le nombre de missions) à 8 HSS. Le 23 janvier 1976, double fête pour le LV Leygonie qui apprend qu'il vient d'obtenir son quatrième galon et qui passe sa 4000ème heure de vol. Le 6 février 1976, le 453 "A" (LT RN Wyman, EV1 Gernigon, MT Tillos, SM Porcher) est contraint d'amerrir à la suite d'une défaillance moteur. Les conditions météo sont difficiles, et la flottabilité droite se crève. L'appareil se renverse 3/4 dos mais se maintient en surface. L'épave sera coulée à la mitrailleuse 2 heures plus tard par l'escorteur côtier Ardent. Le lieutenant de vaisseau Blanvillain prend le commandement de la flottille le 8 juin 1976. L'entraînement se poursuit de manière intensive, dans la mesure des disponibilités. Mais les performances du matériel mis en oeuvre n'ont pas évolué parallèlement au matériel sous-marin qui lui est opposé, l'état-major misant sur l'arrivée future du WG13 Lynx. De ce fait, les capacités opérationnelles de la 31F ne sont qu'acceptables aux yeux de son commandant. Le 21 février 1977, tragédie et gag font la paire. En retour de CASEX à 3 HSS, les 638 "K" (MP Godin, EV2 Leduc, MT Pellen, SM Candella) et 137 "S" (EV1 Huysmans, SM Ogue, LV Galmiche, MT Voisin) s'entre touchent en formation, mais réussissent à amerrir sans incident. Dans une noria de 6 hélicoptères SAR, un HSS de la 33F repêche Leduc et Candela, mais une perte de puissance le contraint à amerrir à son tour. Heureusement, bien que la flottabilité droite se soit crevée, la gauche reste gonflée, maintenant l'échappement hors de l'eau, ce qui permet au pilote de réussir miraculeusement à reprendre des tours et redécoller aussitôt ... sans son mécanicien de bord, qui avait précipitamment évacué l'aéronef en difficulté. Finalement, chacun sera récupéré sain et sauf. Le "S" coulera lors de son remorquage vers Saint-Mandrier et le "K" sera réformé après expertise. Toujours en 1977, le 9 novembre, au cours d'un CASEX à 2 HSS, le 132 "T" (EV1 Deroussen, MT Diot, MT Ragot, MT Chatelus) amerrit suite à une défaillance moteur. La flottabilité se gonfle mais se crève à droite. L'équipage évacue sans incident et l'appareil coule en 45 secondes par grands fonds. Le commandant de la 31F décide de quitter la Marine et le 22 septembre, le lieutenant de vaisseau Jamin lui succède. Son temps de commandement est une. transition entre le règne des HSS et celui des WG13. L'état-major a en effet décidé de ne plus passer les HSS en visite du 3ème degré, et de les retirer progressivement du service, leur fin de carrière étant prévue pour l'été 1979. Le 16 mars 1978, le, 1005 "M" (PM Bon, SM Azelard, PM Gruais, SM Capitaine) effectue son dernier vol avant la réforme. Achevant sa brillante carrière sur un CASEX, noble mission, il aura effectué depuis son premier vol le 24 juin 1959, 4720 heures de vol au cours de ses 19 années de bons et loyaux services. Le 121 "Y" le suivra en juillet et terminera plus noblement au musée de l'Air du Bourget. Les HSS de la 31F effectuent leur dernier détachement, en avril et en juin 1978, à Milan et Albenga (Italie). La livraison à la Marine des hélicoptères WG13 Lynx Mk II débute le jeudi 28 septembre 1978, livraison qui se poursuivra au rythme de 2 par mois. La tâche de transformer, avec formation initiale, les flottilles d'hélicoptères ASM, a été confiée au CEPA de Saint-Raphaël. Ainsi, du 4 septembre au 16 novembre, la moitié du personnel de la 31F, volants et techniciens, va effectuer ce stage de transformation à Saint-Raphaël, tandis que l'autre moitié continue à mettre en oeuvre les HSS à Saint-Mandrier. Le 16 novembre 1978 a lieu la mise en service officielle WG13 Lynx Mk II. Le personnel nouvellement formé à Saint-Raphaël rejoint Saint-Mandrier. Le 1er Lynx de la 31F arrive le 5 décembre 1978. C'est le 263. Les 264 et 265 suivront les 14 et 27 décembre. Dès lors, le personnel s'initie à ce nouveau système d'armes qu'est le Lynx et à sa mise en oeuvre. C'est ainsi que du 15 au 19 janvier 1979, les 3 premiers Lynx reçus par la 31F embarquent à bord du Foch avec leur commandant, le capitaine de corvette Jamin. Cet embarquement n'est qu'une phase d'adaptation à la mer. Les WG13 ne sont qu'en version ASF. Ils ne recevront d'ailleurs leur équipement ASM qu'un mois plus tard. Ces essais sont renouvelés avec l'embarquement de 2 Lynx sur la corvette Georges Leygues, du 7 mai au 15 juin, ainsi qu'avec un détachement (destiné à la future 35F) de 2 Lynx, sur le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc, du 18 au 30 mai. Les entraînements se poursuivent dans tous les domaines. Le 22 mai 1979 a lieu le premier tir missile anti-navire filoguidé AS12 d'un WG13 de la 31F. Six jours plus tard est lancée la première torpille Mk46. Peu à peu la flottille reçoit de nouveaux Lynx, et en juin 1979, son parc aérien se monte à 8 WG13 et 5 HSS. Entraînement ASM, entraînement armes, vérification des possibilités SAR et manœuvres héliportées, les heures de vol s'accumulent : fin juin, aux 960 heures de formation initiale au CEPA, dispensées à 24 pilotes de la 31F, s'ajoutent 1420 heures sur Lynx dont 270 de nuit et dont 40 au cours de 21 CASEX. Le 22 juin 1979, le Grand Livre d'Histoire tourne une page avec le dernier vol des HSS de la 31F. HSS qui n'auront pas la mort noble qu'ils auraient pu souhaiter, puisqu'ils seront abandonnés à leur triste sort sur une décharge à ferraille, déplumés de leur rotor, allégés de leur moteur, pauvres épaves disloquées qui font peine à voir. Ils ont volé plus de 60 000 heures pour leur ancienne flottille. Le 29 juin, le lieutenant de vaisseau Bec succède au capitaine de corvette Jamin en prenant le commandement de la flottille. Les Lynx font leur apparition dans les présentations aériennes : défilé aérien au dessus de Paris le 14 juillet, largage de palmeurs lors de la revue navale de Cannes les 28 et 29 septembre. A matériel nouveau, missions nouvelles. Le WG13 confirme sa vocation d'hélicoptère embarqué à bord des Bâtiments Porteurs d'Hélicoptères (BPH). L'organisation de la flottille s'en trouve modifiée : création le 17 juillet 1979 du détachement Georges Leygues (LV Pluvinet, LV Rivière), création le 22 octobre du 2ème détachement sur le Dupleix (LV Lebreton-Oliveau, MJR Lafay), détachements occasionnels sur frégate, porte-avions et pétroliers-ravitailleurs. Face à ces détachements est créé un noyau fixe, l'Échelon Arrière, qui devient leur support logistique et le creuset où les pilotes sont transformés, entraînés et qualifiés. Durant l'année 1980, les essais et expérimentations se poursuivent : homologation des plates-formes de poser des BPH, désignation d'objectifs trans-horizon, lunettes de vision nocturne, sauvegarde porte-avions, repêchage de torpilles. La flottille, par le biais de ses détachements, participe aux grands exercices navals alliés et inter-alliés. Le WG13 débute ses activités de Service Public en participant aux évacuations sanitaires, aux opérations SAR, aux opérations de lutte anti-pollution et de surveillance d'épaves. Le plan d'armement théorique de 8 appareils varie en pratique de 5 à 7 appareils suivant les disponibilités. Le 2 avril 1981 est prise la décision de stocker sous cocon 3 appareils - les 266, 270 et 274 - ce qui entraîne de fait une réduction du plan d'armement à 6 WG13. Le 265 est le 1er Lynx à passer les 1000 heures de vol, le 17 juillet 1981. Il est, rappelons le, arrivé à la 31F le 27 décembre 1978. Le 29 juillet 1981, le capitaine de corvette Bazaugour prend le commandement de la flottille. Deux Lynx reviennent à la flottille, ramenant le plan d'armement à 8 appareils, pour pallier à la création future du 3ème détachement, celui du Montcalm (LV Cazenave, EV1 Bon), le 1er janvier 1982. Le 27 août 1981, le lieutenant de vaisseau Villedieu de Torcy, chef du détachement Georges Leygues, effectue le 1000ème appontage du bâtiment. Un an plus tard, le 1er juin 1982, le capitaine de corvette Illien, commandant en second la flottille, effectue sa 1000ème heure de vol sur WG13. La 31F, toujours par le biais de ses détachements, et outre les exercices navals, recommence à participer à des opérations à caractère militaire : escorte de la vedette iranienne Tabarzin prise en otage en août 1981, et surtout, début des missions de patrouille et d'assistance le long des côtes libanaises, dès le 11 juin 1982, missions au cours desquelles les Lynx seront amenés à se poser au coeur de Beyrouth, ville en guerre civile, à travers la mitraille incontrôlés des diverses forces en conflit. C'est d'ailleurs au cours de ces opérations de temps de crise qu'on s'aperçoit que la peinture dorsale blanche, utile en temps de paix pour sa fonction anti-collision, le rend trop voyant et en fait une cible idéale. La décision est donc prise en 1982 de repeindre tout en gris l'ensemble des Lynx et Super-Frelon, sans modification des marques d'identification. Pendant les 3 années qui suivront, les Lynx participant aux opérations libanaises arboreront en sus, à la demande de ces autorités, une bande tricolore peinte en largeur au niveau du harpon. A la fois guerrier et mondain, le Lynx reste présent dans les présentations aériennes : défilé aérien le 14 juillet 1982 à l'occasion de la revue navale de Toulon et transport du Président de la République et des plus hautes autorités de l'État ; "one-helicopter-show" devant ses grands anciens lors du 50ème anniversaire de la BAN Saint-Mandrier le 29 mai 1983. La flottille fête sa 10000ème heure de Lynx le 21 juin 1983 avec le vol des LV Casati, EV1 Bon, PM Brunet sur le 623. Le 2 septembre 1983, le capitaine de corvette Illien prend le commandement de la flottille. Embarque également le ler officier britannique pilote de Lynx, le Lieutenant Commander (Royal Navy) Macmahon, qui deviendra vite une figure de proue. Le deuil frappe la flottille le 29 novembre 1983 lors du crash du 277 à 5 Km au large de Beyrouth. Le 277 effectuait un retour de nuit à très basse altitude, de Beyrouth vers le Dupleix, quand il a percuté la mer. L'EV1 Grilli, pilote, et le PM Owsianka, électronicien de bord, sont tués. Le PM Tanguy, chef de bord, est porté disparu. Une cérémonie commémorative a lieu à Saint-Mandrier le 5 décembre en présence du Chef d'État-Major de la Marine. Le ler décembre 1983 est constitué un 4ème détachement, celui du Jean de Vienne (LV Lauer, LV Casati-Ollier). Début 1984, la décision est prise de sortir de cocon les 3 Lynx stockés en 1981, pour pallier au nombre croissant de détachements. Sa dotation monte à 11 appareils, puis à 12 avec l'arrivée du nouveau WG13 Mk IV. Plus performant que le Mk II, le Mk IV apporte une nouvelle jeunesse au Lynx. Le 809, premier des Mk IV, arrive le 27 février 1984. 12 WG13 Mk IV doivent être livrés au cours des 18 mois suivants, et remplacer progressivement et définitivement les Mk II dont était dotée la flottille depuis 1978. Les performances accrues portent principalement sur l'augmentation de la puissance des moteurs, et quelques modifications techniques induisant une réduction du niveau sonore et vibratoire, donc une amélioration du confort en vol. Les missions ne changent pas, mais de nouvelles évaluations sont faites. En septembre 1984, l'ensemble de la flottille quitte Saint-Mandrier pour un exercice d'escadre. Les détachements sont à bord de leur BPH et l'Échelon Arrière embarque sur le Foch et sur le pétrolier ravitailleur Meuse. Après 2 mois de mer et d'escales variées, la flottille retrouve Saint-Mandrier le 13 novembre. Du 14 au 21 novembre 1984, un an après son crash, l'épave du 277, qui vient d'être localisée, est repêchée par 1285 m de fond. Au cours de ces opérations, la dépouille mortelle du MT Tanguy est retrouvée. Les obsèques sont célébrées le 28 novembre à Saint-Mandrier. 30 novembre 1984 : record battu, les 12 Lynx de la 31F sont mis en l'air pour un entraînement au défilé aérien. Le 6 mars 1985, le lieutenant commander Macmahon fête sa 4000ème heure de vol dont 2000 sur Lynx, à bord du Clemenceau. Le 27 avril, la 31F confirme sa vocation de formation opérationnelle avec la mise en service d'un simulateur de vol très performant, permettant tous les scénarios de vol, vécus ou probables. Le 2 septembre 1985, le capitaine de corvette Villedieu de Torcy prend le commandement de la 31F. |