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Flotille 31 F

 

Aujourd'hui basée à Saint-Mandrier (Var), et armée d'hélicoptères Lynx WG13, la flottille 31F est spécialisée dans la lutte anti-sous-marine.

C'est la première flottille d'hélicoptères de l'aéronavale, créée le 1er août 1956 en  Algérie et équipée dans un premier temps d'hélicoptères H21C "Banane" qui effectuaient des missions de transport et d'assaut. Après quelques embarquements sur les porte-avions Arromanches, Clemenceau puis Foch, et 2 missions dans le Pacifique, elle a commencé à se spécialiser dans la lutte anti-sous-marine sur à partir de 1961. L'arrivée des Lynx en 1978 confirmera cette vocation ASM. Elle fournira, et fournit encore de nos jours, des détachements au profit des bâtiments porte-hélicoptères basés à Toulon. A peine la guerre d'Indochine terminée, la France va se trouver engagée dans le conflit d'Algérie. Afin de faire face aux exigences du moment et de lutter contre la rébellion naissante, le gouvernement français envoie des renforts. En outre, les États-majors décident de changer le style de combat, de type de combattants, et d'adopter d'autres matériels, principalement en moyens de transport. C'est ainsi que l'on se tourne vers les appareils à voilure tournante.

Déjà utilisé en Indochine, mais exclusivement lors de missions à vocation humanitaire, l'hélicoptère va acquérir en Algérie ses lettres de noblesse.

Depuis début 1952, des hélicoptères Sikorsky S51, puis Piasecki Hup2, sont mis en service à bord des porte-avions pour la sécurité des mouvements d'aviation. Leurs activités s'étendent ensuite aux missions de liaison et d'évacuation sanitaire.

L'insurrection algérienne décide la Marine, en juin 1955, à envoyer un détachement de Sikorsky S55 de la 10S. Ce détachement est inclus dans le Groupement Hélicoptères n° 2, creuset où se mélangent des S55 de l'ALAT, de l'Aéronautique Navale et de l'Armée de l'Air.

Le 4 juin 1956, le lieutenant de vaisseau Derlot est désigné comme chef d'un détachement de 3 Vertol H21C "Banane", prêtés par l'ALAT, qui rallie Sétif le 7 juin, en relève des 2 S55 de la 10S, rentrés à Saint-Raphaël.

Jusqu'au 31 juillet, le personnel suivra un entraînement intensif sur les Bananes de l'ALAT (AA 148, AD 151, AE 152, AF 153 et AG 154).

Le 1er août 1956, la Marine crée, à partir de ce détachement, la première flottille d'hélicoptères, la 31F. Placée sous le commandement du lieutenant de vaisseau Bally, elle est officiellement affectée à la base d'Alger-Maison Blanche, mais en fait, elle stationne déjà à Sétif.

Elle comprend 7 officiers dont 6 pilotes, 39 officiers mariniers dont 22 volants, 35 quartier-maîtres et matelots.

Elle choisit comme emblème un Pégase blanc sur Croix d'Agadez. La raison de ce choix est simple : un cheval ailé, symbole que les américains ont choisi pour leurs propres H21, surnommés "work-horse" (cheval de trait); une Croix d'Agadez, parce que la flottille a vu le jour en Afrique du Nord.

En deux mois, les 3 appareils armant la flottille vont effectuer 600 heures de vol en transportant 6000 hommes et 40 tonnes de fret.

Le 25 janvier 1957 à la tombée de la nuit, le 31F-5, lors d'une Évasant dangereuse dans le Djebal Tebak, est pris sous le feu d'armes automatiques fellaghas et s'écrase.

Le lieutenant de vaisseau Domergue (officier en second), le maître pilote Lay et le second-maître mécanicien Cré sont tués sur le coup. Seul le quartier-maître Balcon, grièvement blessé, sera récupéré par les légionnaires.

Le 3 avril 1957, le 31F-6, piloté par l'enseigne de vaisseau Liard et le second-maître Maraval, est touché par le tir des rebelles lors d'un posé. C'est le crash. L'équipage s'en sort avec quelques contusions. Voyant l'équipage en difficulté, et malgré les tirs toujours intenses, l'officier des équipages Gavaud et le second-maître Hériaud réussissent à poser leur appareil, le 31F-4, sur la DZ et récupèrent leurs camarades. Les jours suivants, on essaiera de récupérer en sling le 31F-6, en vain.

Le 1er juillet 1957, la 31 F déclare un important bilan d'activités : 1652 heures de vol, en 490 missions, transport de 16982 passagers, dont 142 blessés, transport de 94310 kg de fret.

Le 27 juin 1957, le lieutenant de vaisseau Michel remplace le Lieutenant de Vaisseau Bally comme commandant intérimaire de la flottille, commandement qu'il passe le 17 septembre au lieutenant de vaisseau Babot.

Le lieutenant de vaisseau Babot, meneur d'hommes par excellence, va imposer un style nouveau. Deux années de forcing durant lesquelles la 31F effectue 6146 heures de vol dont 5373 en 8566 missions opérationnelles, transportant 57560 commandos et 169 tonnes de fret.

Le 20 décembre 1957, la 31F reçoit l'ordre de plier bagages et de mettre le cap sur l'Oranie, sa future base devant être Sidi Bel Abbès.

Entre-temps, le lieutenant de vaisseau Babot a l'idée de convertir un hélicoptère en bombardier. Il fait installer un lance-bombes pouvant supporter 5 bombes de 250 livres. Deux bananes sont ainsi modifiés. Mais malgré des résultats intéressants, ce projet n'est pas accepté par les autorités supérieures.

Le 17 février 1958, un détachement se pose à Bir-el-Ater, près de la frontière tunisienne, et y nomadise, jusqu'au 6 juillet.

Jusqu'en avril 1959, la flottille participe de façon soutenue à un grand nombre d'opérations, malgré une période de révision un peu plus poussée début 1959.

En avril et en mai, la 31F quitte temporairement Sidi-bel-Abbès et se retrouve basée sur le terrain de Tiaret-bou-Chérif, participant ainsi à l'implantation progressive de Zone Opérationnelle de l'Atlas Saharien dans les secteurs d'Aflou et Geryville.

Début juin, une nouvelle période, de révision est entreprise. Malgré ces efforts, la 31F n'a récupéré, en août 1959, qu'une disponibilité de 50%, ce qui n'empêche pas les 6 Bananes d'effectuer 245 heures en 15 jours, grâce au travail acharné des mécaniciens. Mais à partir de cette date, les opérations commencent à ralentir.

Le 26 septembre, le lieutenant de vaisseau Anger, déjà présent à la flottille, prend le commandement de la 31F. Quant au capitaine de corvette Babot, il prend celui du GHAN 1. Changement de commandement qui va être suivi d'une période de transformation : vu l'état d'usure avancé des Banane, le commandement a commencé à les rendre à l'ALAT et à les remplacer progressivement par des HSS1.

Octobre 1959 : La disponibilité n'est que de 3 appareils. Mais le 10 novembre dans l'après-midi, la 31F passe le cap des 10000 heures de vol.

Janvier 1960 : La flottille, continue sa transformation sur HSS1. Trois appareils sont arrivés de métropole. L'un d'eux est opérationnel en fin de mois.

En mars 1960, la 31 quitte Sidi-bel-Abbes pour s'installer à la BPAN Lartigue. Elle possède alors 4 HSS et 2 H21C.

Le 1er avril, le nombre de HSS étant suffisant pour les opérations dans le Sud Oranais, elle rend ses H21C à l'ALAT. Quelques chiffres (éloquents) sur les services aériens des Banane de la 31F, au cours des 4 années passées : 10759 heures de vol dont 8974 en opérations, 81828 commandos et 8327 passagers transportés, 685 blessés évacués, 406 tonnes de fret, 14 appareils touchés par la DCA, 3 appareils abattus, 5 appareils détruits (dont 3 par accident), 3 morts.

Dès lors, la flottille met en oeuvre les 4 HSS dont 1 armé de 2 canons MG151 de 20 mm, en formant un Détachement d'Intervention Héliporté (DIH) : groupe d'intervention constitué d'un hélicoptère-canon et de plusieurs hélicoptères de transport d'assaut. Certains de ces pilotes continuent à s'entraîner avec les équipages des deux formations du GHAN.

En juillet, elle complète le DIH de la 32F à Tiaret. Le 27 juillet, un cinquième HSS arrive. Ce n'est qu'en août qu'arriveront 3 nouveaux appareils, ce qui mène la disponibilité à 8 HSS. En septembre et octobre, elle exécute plusieurs DIH, à Géryville, Bou Semghoun et Flou. Cependant, les activités opérationnelles, comparées à celles du début de l'année, sont en nette régression.

1961 : La 31F forme de nombreux détachements à Thiersville et Aflou. Le 17 janvier, le 31F-6, hélicoptère-canon, intervient près de Berthelot en appui feu. Surpris par des fellaghas lors d'une passe de reconnaissance à vue, un feu nourri et concentré atteint l'appareil qui explose et s'écrase au sol. L'équipage (LV Castaignos, EV Baudoin, SM Baurin, SM Blanchard) est tué sur le coup.

En fait, une des caisses de munitions a dû être touchée à travers le plancher par le tir ennemi, faisant exploser l'ensemble de l'hélicoptère. La décision est donc prise de poser des plaques de blindage pour protéger les munitions; surcharge de poids qui impose la suppression du canon arrière.

Le 31 janvier, le 31F-2 est touché alors qu'il effectue une EVASAN au plus près des rebelles. Le mécanicien de bord est légèrement blessé.

Le 21 avril, le "putsch", mouvement insurrectionnel contre la politique d'abandon, éclate à Alger mais échoue complètement. Depuis, le rythme des opérations est encore assez soutenu, mais il est visible que l'ensemble des militaires a perdu la foi.

Le 1er juillet 1961, le lieutenant de vaisseau Farand prend le commandement de la 31F. Les activités mènent les 12 HSS dans les secteurs du Telagh et du Kreider, mais les grandes opérations d'antan sont pour ainsi dire terminées.

Le 28 août 1961, le lieutenant de vaisseau Verdery, avec un détachement de 5 HSS, quitte la Base de Lartigue pour rallier Saint-Mandrier, nouvelle affectation de la 31F.

La flottille et son Commandant, avec les 7 HSS restant, quittent définitivement Lartigue et l'Algérie le 2 septembre. Créée dans la tourmente, la 31F peut s'enorgueillir des succès remportés dans la lutte contre la rébellion algérienne au cours de ses 17000 heures de vol dont 14000 en opérations.

La 31F ainsi rapatriée change de visage. La guerre d'Algérie, bien que toujours présente, ne la concerne plus. Conservant des flottilles d'HSS "assaut" en Afrique du Nord, la Marine va utiliser la 31F, alors seule flottille d'hélicoptères en métropole, à des fins plus navales. Mais, faisons un retour dans le passé.

1957 : Pendant que les hélicoptères sont engagés, en Algérie, on pense en métropole à d'autres usages que l'assaut. L'amiral d'escadre demande que soit constituée à Saint-Mandrier une section de 4 hélicoptères ASM (lutte Anti-Sous-Marine) qui embarqueraient à bord du porte-avions Dixmude pour les sorties d'escadre et les stages du Groupe d'Action ASM. Le département refuse, mais annonce qu'il y aura, probablement, une flottille d'hélicoptères de dragages à Brest.

On envisage l'implantation à Saint-Mandrier d'une école de détecteurs ASM volants, qui serait précédée par un groupe d'étude de lutte ASM disposant de 3 HSS. Le seul obstacle à l'étude de ce groupe d'étude est le manque ... de cuve sonar.

La lutte anti-sous-marine est expérimentée sur hélicoptères depuis début 1957, à la 20S : d'abord sur des S55, puis en juin sur 5 HSS, tous ces hélicoptères étant équipés de sonar AQS4, torpilles MK43 et grenades MK54 (armes ASM pourvues en nombre réduit). Ce matériel, amovible, a été acheté aux États-Unis, car rien n'existe encore en France. La version "ASM" est réversible en "cargo"; une version "dragage" est également à l'essai, mais ne sera pas retenue, par manque de puissance des machines.

Une partie des HSS va être modifiée en version assaut en 1958, dans les ateliers de Cuers, afin de remplacer momentanément les Bananes vieillissants engagés dans le conflit d'Algérie; conflit qui, on l'espère, ne devrait pas s'éterniser davantage.

Le 31 août 1961 paraît la décision 371 EMG/Aéro d'affecter la 31F à Saint-Mandrier. Elle dépend dès lors de l'Aviation Embarquée. La flottille, habituée aux déploiements rapides dans le Djebel, arrivera ... le lendemain, avec ses 12 HSS.

C'est au lieutenant de vaisseau Farand, commandant la flottille, mais aussi ex-pilote de la 20S en 1957, que reviendra donc la charge de transformer la 31F en flottille ASM.

Six des HSS qui reviennent d'Algérie, où ils ont souffert du climat et des conditions d'emploi, sont envoyés à Cuers pour une révision générale et retrouver leur version d'origine. Ils sont remplacés par 6 HSS de la 20S déjà gréés en ASM. Une vingtaine de détecteurs ASM de bord et quelques pilotes viennent également de la 20S.

L'apprentissage démarre très fort, et la flottille peut être considérée comme opérationnelle moins de 6 mois plus tard. Les doctrines d'emploi et procédures sont les mêmes que celles utilisées par les Américains, qui les ont mises au point.

Les missions qui se dessinent comprennent essentiellement des HELI-CASEX, en coopération avec des bâtiments français ou inter-alliés; quelques sauvetages en mer; des vols d'entraînement classiques; très peu de vols de nuit.

Le premier HELI-CASEX a lieu le 20 septembre 1961, et le 1er embarquement sur porte-avions le 3 octobre, moins d'un mois après le retour en métropole, sur l'Arromanches. Les embarquements sur porte-avions (Arromanches, Clemenceau puis Foch) se suivront nombreux. Ils serviront dans les premiers temps à découvrir les porte-avions (mise en oeuvre, appontages, etc), puis à s'exercer exclusivement à l'ASM.

Les HSS se montrent d'ailleurs fort utiles lors des exercices en coopération avec les escorteurs, parce que ceux-ci, équipés de sonars à courte portée, ont des possibilités de détection très limitées.

Le lieutenant de vaisseau Verdery prend le commandement de la flottille le 20 mai 1963. Elle possède alors 12 HSS et pratique intensivement l'ASM. Des campagnes et des essais ASM se font d'ailleurs régulièrement en Bretagne pendant 3 semaines au printemps et en automne, en coopération avec la 32F et l'Escadre Légère, par détachements de 4 à 6 HSS. Elles se poursuivront quand la 32F sera affectée en Bretagne, et jusqu' à ce qu'elle soit transformée sur Super-Frelon en 1972.

En 1965, la flottille, commandée depuis le 18 janvier par le lieutenant de vaisseau Crenn, oublie un peu ses sonars et promène un filet de même longueur que les câbles sonar. Elle doit en effet prochainement effectuer une campagne au Centre d'Essais du Pacifique pour repêcher des engins spéciaux.

Le 1er janvier 1966, se constitue le Groupe d'Hélicoptères Occasionnel du Pacifique, qui réunit la 31F et une majeure partie de la 23S. Le 4 mars, le GHOP embarque sous les ordres d'ALGROUPA (futur ALPA) sur le Foch, vers le Pacifique. Sa mission principale devient le repêchage "chalutage" des têtes d'engins de prélèvement après tir nucléaire, à laquelle se rajoutent des missions de transport, de liaison, plus quelques petits exercices ASM (seuls 3 sonars ont été emmenés, pour garder le contact avec l'ASM).

De retour à Saint-Mandrier au Nouvel An, la flottille prend peu après pour Commandant le lieutenant de vaisseau Sassolas, le 24 janvier 1967. Ce dernier a la lourde tâche de lui faire à nouveau pratiquer l'ASM ; d'ailleurs pas pour longtemps, car il est question de repartir dans un an vers le Pacifique ... ce qui ne déplaît à personne. La 31F continue donc à chaluter, en faisant ce qu'il faut de sonar pour ne pas trop se faire remarquer.

La flottille quitte, une nouvelle fois, Saint-Mandrier pour l'année entière. Elle est affectée le 1er janvier 1968 au Clemenceau et au Groupe ALFA, qui s'en retourne au Pacifique pour de nouvelles expérimentations nucléaires.

Dès son retour à Saint-Mandrier, le 12 décembre, fort de leur entraînement en héliportage au CEP, le commandant propose de faire de sa flottille une flottille mixte, assaut et ASM. Ce projet n'est pas retenu par les autorités supérieures, et la 31F doit reprendre son entraînement en ASM.

Depuis le retour du CEP, les sonars AQS4 sont progressivement remplacés par des DUAV1, sonars français plus performants. La torpille Mk44 fait son apparition sur HSS et les moteurs sont modifiés pour acquérir plus de répondant et de fiabilité.

Cependant, lors de sa prise de commandement le 5 février 1969. le Lieutenant de Vaisseau Bouvet constate que l'équipement de ses appareils n'est pas encore totalement modifié (sonars, moteurs, HSS non munis de lance-torpilles Mk44). Il se trouve également confronté à vive insuffisance numérique en pilotes, et la question se pose alors de savoir si, compte tenu des besoins croissants en pilotes d'hélicoptères, il faut continuer à recourir à un recrutement palliatif parmi les pilotes d'avions, trop habitués aux voilures fixes.

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